De l’acier, du sang, du sable.
Les yeux fixés sur sa proie, tout n’est qu’une question de secondes.
Une parade réflexe au bouclier, une roulade derrière l’ennemi, puis un coup d’estoc dans son dos.
Son corps s’écroule avec fracas...
Malgré la fatigue, le bras victorieux se lève vers le ciel, la foule scande le nom du héros.
Cela donne envie, n’est-ce pas ?!
Remontons en l’an 2000 si vous le voulez bien, non pas pour le supposé « bug légendaire », mais plutôt pour parler de la sortie du film Gladiator, chef d’œuvre de Ridley Scott.
Imaginez un peu le cadre : des arènes, des gladiateurs, une foule en délire, des bêtes féroces, des chars, etc.
Que ce soit son histoire, sa mise en scène, sa musique, son jeu d’acteur, il existe une véritable symbiose au sein de ce film. Ce n’est donc pas sans raison que ce dernier fait partie du panthéon de mes plus belles claques cinématographiques.
Tant d’éléments incroyables mélangés dans un seul film, cela donne forcément des idées pour un jeu superbe !
Je me suis donc mis à rêver d’un titre qui me permettrait d’incarner un combattant comme l’espagnol (surnom donné au héros Maximus) ; or, triste désillusion, le film ne connut aucune adaptation en jeu vidéo :(
Triste comme tout, je me rappelle donc m’être rabattu sur quelques jeux plus ou moins récents, tels, Gladius ou bien Gladiator : Sword of Vengeance.
Gladius (octobre/novembre 2003) se veut être un jeu d’action-tactique de LucasArts, où l’ensemble des combats se déroule au tour par tour dans des arènes sous forme de cases. La manière la plus simple de comprendre rapidement les mécaniques de jeu est simplement d’imaginer un Fire Emblem ou un Advance Wars, mais transposé dans un univers de gladiateur (Points d’Action, pouvoirs, montée en expérience, etc.). Le jeu est vraiment chouette, intéressant mais d’une difficulté redoutable ! (j’en parlerai peut-être dans un futur article).
Gladiator : Sword of Vengeance (Décembre 2003), de son côté, se veut plus bourrin, plus direct, mais perds énormément en finesse et tactique, ce qui est réellement dommage. De plus, ses qualités techniques sont assez médiocres il faut l’avouer…ah quelle déception...moi qui voulais simplement un mélange entre ces deux genres, je n’étais pas rassasié du tout.
Or, le 3 février 2005, Shadow Of Rome est sorti en exclusivité sur PS2 et ma vie fut changée à jamais :D
Parlons de l’histoire du jeu : disons tout simplement qu’elle se rapproche beaucoup du film de Ridley Scott (pas un plagiat, mais pas loin) : Agrippa, un ancien centurion revient d’une campagne militaire en Germanie et découvre que son père est accusé du meurtre du grand César. Via quelques pirouettes scénaristiques, le héros se retrouve dans l’arène, à combattre pour sa vie et pour se venger du véritable meurtrier. Vous allez me dire que ça ne casse pas trois briques à un canard, mais là n'est pas l'intérêt primaire du titre. Le reste, par contre, est magique, je vous l’assure !
Une vidéo de promotion juste avant sa sortie a fini par m’achever et m’a obligé à l’acheter le jour de sa sortie (je suis faible :D) : on y découvre un système de jeu incroyable, avec les habituels coups faibles/coups forts, mais le tout agrémenté de techniques de projections, de jets d’arme, de protection au bouclier, ou bien d’utilisation d’armes et objets dantesques !! J’étais fan avant l’heure ! :)~
Ce qui est intéressant de savoir, c’est qu’il a été réalisé par un Monsieur relativement méconnu :D à savoir Kenji Inafune (ayant travaillé en tant que graphiste ou producteur pour des titres obscurs tels Mega Man, Resident Evil, que des petits jeux donc mdr). Il semble reprendre trait pour trait les bases connues et éprouvées des autres ténors du genre, mais la petite surprise arrive au moment où il faut prendre la manette en main.
De nombreuses subtilités apparaissent alors : un système de dégâts localisés permettant d’infliger des handicaps corporels aux ennemis (voire de leur sectionner des membres) et se sortir ainsi de situations tendues, la possibilité de pouvoir récupérer de la nourriture ou des armes directement via le public en le scandant si notre style de combat est suffisamment impressionnant, etc. ! (ne révelons pas tout maintenant, gardons un peu de surprise !).
Le système se veut certes violent et gore (bon j’avoue que c’est bien dégueulasse, âmes sensibles s’abstenir), mais il est également relativement technique et jouissif, permettant de ressentir dans l’arène toute la tension et l’énergie incroyables des combats.
Imaginez un peu : vous êtes acculé par deux ennemis immenses et 3 autres un peu plus faibles, vous tentez d’esquiver les attaques mais ils se révèlent bien plus rapides et forts que prévu. Vous êtes au bord du gouffre avec très peu de vie, et là, vous profitez d’une faille sur un ennemi pour lui couper le bras afin de récupérer un équipement bien meilleur directement sur le terrain et de pouvoir ainsi continuer le combat. Vous en tuez un autre et votre jauge d’appréciation du public augmente, vous permettant ainsi d’honorer la foule avec une pression sur carré et croix, ce qui rend le public en délire et vous jette ainsi un morceau de viande et une arme à deux mains gigantesque (Monster Hunter Style !). Vous repartez au combat et les ennemis s’envolent à chacun de vos coups ! Manette en main, c’est l’extase !
Bien entendu, chacune des armes et équipements reçus a une jauge de résistance et se brise au bout d’un moment (système qui sera repris dans d’autres jeux, dont le récent et génial Zelda Breath of The Wild). Il faudra donc user de cette technique régulièrement pour espérer se sortir de situations complexes tout au long du jeu.
Bon sang, moi qui rêvais de tout cela depuis des années, mon rêve venait finalement de se réaliser !!
Le jeu est déjà incroyable rien qu’avec ces phases, qui arrivent à se renouveler régulièrement, que ce soit via des combats avec des animaux, des boss de fin d’arène, des matchs à mort en équipe avec l’IA, mais également avec des courses de chars !
Mais ce qui, à mes yeux, fait la force du jeu est l’apparition d’une nouvelle phase de gameplay liée au second héros : Octavien, l’ami d’enfance d’Agrippa.
En effet, un second arc scénaristique se déroule en parallèle des combats dans l’arène. Octavien doit élucider le crime de César et disculper le père d’Agrippa en trouvant des preuves.
C’est donc via ces phases qu’une nouvelle façon de jouer va apparaître : ce jeune héros blond se veut plus agile, plus ingénieux qu’Agrippa (et ingénu), malgré sa force physique moindre.
En lieu et place des combats, la part belle est faite aux phases d’infiltration, de discussion et d’espionnage, au rythme beaucoup plus lent mais tellement agréables.
Quelle découverte ce fut alors !
Que de superbes moments passés à assommer les gardes avec des pots, m’infiltrer via un déguisement de politicien ou de garde, écouter les conversations pour récupérer des informations clés, discuter avec les autochtones pour en apprendre davantage sur l’histoire, etc. (on se rapproche parfois du style de jeu de l’agent 47 dans Hitman, mais attention, on n’atteint pas le même niveau d’excellence, n’abusons pas).
Cette alternance des styles se fera ainsi de façon régulière entre ces deux héros bien distincts tout au long du jeu : l’une très basée sur l’action, l’autre beaucoup plus scénarisée et permettant ainsi de découvrir l’intrigue du jeu.
Je me rappelle avoir passé un temps fou à refaire certaines séquences juste pour le plaisir, mais également d’avoir recommencé le jeu plusieurs fois afin de me délecter au fil des ans de cette ambiance unique et incroyable.
Par la suite, j’ai testé d’autres jeux du même style, pour continuer sur cet élan « gladiateur », mais je n’ai pas eu les mêmes résultats...
Par exemple avec Spartan Total Warrior qui se révèle être le cousin encore plus violent de la famille ! Beaucoup de combat, un soupçon de combats, et encore une pincée de combats :D c’est un bon défouloir, avec une bonne évolution du héros via des compétences (à la God Of War) mais il s’avère finalement très répétitif et s’approche davantage d’un « Musô » que d’un jeu d’action-aventure.
Que dire de ce Shadow Of Rome ? Que c'est une pépite injustement méconnue du grand public, mais qui aura su me captiver pendant de longues semaines/mois/années !
Je vous recommande donc chaudement de mettre la main sur ce jeu afin de vous forger votre propre avis !
Le plus triste à mes yeux, c’est qu’il n’a pas eu autant de ventes qu’espéré, ce qui a donc finalement sonné le glas de cette nouvelle licence.
En effet, sa suite planifiée a finalement été annulée suite à cela, mais elle n’a pourtant pas été mise « entièrement » au placard. Elle a été retravaillée de fond en comble pour donner une nouvelle œuvre : Dead Rising sur Xbox 360 (qui finalement n’a plus rien à voir avec ce Shadow Of Rome).
Triste destin…